L’édito : « Pour une Société de développement responsable »

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Un principe de précaution inscrit dans la Constitution, une dilution permanente de la responsabilité décisionnelle par la multiplication des concertations, une incapacité collective à gérer des situations d’une complexité croissante… les causes d’une croissance atone sont multiples. Si l’on regarde un peu en arrière, le schéma directeur autoroutier, le programme nucléaire français, la construction de villes nouvelles ou bien encore la création ex-nihilo de stations balnéaires sur notre littoral constituent autant de réalisations résultant d’une action volontariste d’un Etat décidé à favoriser le développement économique national. Cela serait-il possible aujourd’hui ? Clairement, non. Car nous vivons malheureusement l’avènement d’une « Société anonyme à irresponsabilité illimitée ».

Petit à petit, à coups d’indécisions successives, notre société s’est enfoncée dans un immobilisme certes confortable mais mortel, piégée, via un regrettable effet de balancier, par une judiciarisation grandissante qui s’intéresse au « coupable » plus qu’au « responsable ». Tout est dit.

Evidemment, cela n’est pas sans conséquence. Une société enkystée comme la nôtre dans ses complexités administratives et réglementaires, avec ses contrôles permanents de procédures elles-mêmes déjà certifiées de multiples fois par des services « indépendants » dont l’intérêt premier est de faire perdurer le système, n’a aucune perspective de développement durable. Que pouvons-nous espérer de bien avec une croissance (ou plutôt une stagnation) de notre économie autour de 1 % chaque année ? C’est encore pire lorsque l’on sait que, par simple idéologie, certains leaders d’opinion vont même jusqu’à refuser toute sorte de progrès, dénigrant au passage ce qui a constitué le moteur de l’humanité depuis l’origine des temps : l’inventivité, la découverte, l’enthousiasme de faire toujours plus et mieux. Alors oui, il est plus que temps de procéder à une véritable révolution copernicienne au sein de notre système organisationnel. C’est même plus globalement notre comportement sociétal qui doit être repensé. Les notions de prise de risque et de capacité de décision doivent revenir au centre du jeu pour redonner le tonus et la vitalité nécessaires à notre société.

Avec responsabilité

Mais, à la différence d’une période récente où le progrès se faisait au prix de coûteux gaspillages et au mépris de notre environnement, cela doit se faire avec responsabilité. C’est bien de développement durable dont nous avons besoin, mais certainement pas celui derrière lequel s’abritent trop souvent les « empêcheurs de faire » et autres conservateurs. Un développement signe de simplicité plutôt que de complexité, de vitesse d’exécution plutôt que de multiplication des consultations qui permettent soit d’éviter de prendre une décision, soit de faire porter celle-ci sur un collectif tellement large que personne ne se sente porteur de responsabilité.

A quelques encablures d’échéances électorales importantes, à l’heure où la libéralisation de notre économie, donc la prise de risque, fait encore débat, il est essentiel qu’intellectuels, décideurs économiques, acteurs institutionnels et politiques admettent que notre société ne peut continuer à s’affaiblir dans un marécage glauque d’irresponsabilité illimitée pour retrouver l’eau claire et énergisante d’un développement dynamique et responsable devant les générations à venir : en bref, passer d’une « Société Anonyme à Irresponsabilité Illimitée » à une « Société de développement responsable ».

Bernard GAUD

Président du MEDEF Rhône-Alpes

Paru dans Acteurs de l’économie – La Tribune (décembre 2015)

Propriété de publication

Cet article "L’édito : « Pour une Société de développement responsable »" est une publication du site MEDEF Rhone-Alpes et lisible sur le site source à cette adresse http://medef-rhone-alpes.fr/ledito-pour-une-societe-de-developpement-responsable.html.

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