Après les cartons jaunes, le patronat uni sort les sifflets rouges

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Dominique Largeron

Lors de l’élection présidentielle de 2012, le Parti Socialiste rêvait d’une union avec les petits patrons. Un peu plus de deux ans plus tard, cette volonté vole en éclat. Le gouvernement se retrouve même face à un front uni de l’ensemble de l’échiquier patronal, de l’artisan à la grande entreprise réunis sifflets en bouche sur les gradins de la Salle 3 000 à Lyon.

Le cri strident des sifflets rouges portera-t-il jusqu’à Matignon et l’Elysée ?

François Turcas, Laurent Fiard, Bruno Cabut

François Turcas, Laurent Fiard, Bruno Cabut

Les sifflets rouge n’ont pas chômé

2 500 personnes avaient pris place au sien de l’Amphithéâtre de la Cité internationale à Lyon.

Pierre Gattaz très sollicité par les médias.

Des sifflets rouges distribués à foison, mercredi 3 décembre, dès l’entrée de l’Amphithéâtre de la Cité internationale à chacun des 2 500 participants. Après les cartons jaunes de 2013, la fronde patronale s’élargit : aux troupes de la CGPME et du Medef présentes l’année dernière en ce même lieu, s’ajoutent cette fois celles des artisans de l’UPA.

Certes, l’animateur sur la scène signale qu’il ne s’agit pas de siffler le gouvernement, mais des mesures prises et rappelle que le « sifflet » que les responsables d’entreprises portent à leur bouche est celui de l’arbitre. « Nous voulons faire respecter des règles qui ne sont pas respectées et marquer une faute ! », lance-t-il de la scène.

On ne s’y trompe pourtant pas : c’est bien le gouvernement qui est sifflé.

Le rêve que caressait le parti Socialiste à son arrivée au pouvoir, en l’occurrence, pactiser avec les petites et moyennes entreprises considérées comme l’économie réelle face à la finance folle, a définitivement volé en éclat.

Jean-François Roubaud, le plus agressif

Des trois leaders nationaux présents sur scène aux côtés des responsables régionaux des trois organisations patronales-Pierre Gattaz pour le Medef, Jean-Pierre Crouzet pour l’UPA et Jean-François Roubaud, pour la CGPME-, c’est ce dernier qui se montre le plus agressif. Alors que c’est avec lui que le PS aurait caressé l’idée d’avoir comme interlocuteur privilégié !

A côté, Pierre Gatttaz qui entre la conférence de presse préalable et la grand messe aux sifflets se plaît à souffler le chaud et le froid, semble presque jouer les médiateurs. « Nous voulons lancer un cri d’alerte, face à une urgence : il faut redonner confiance à notre pays ! » 

Il préconise même, sous la forme d’un « Agenda 2020 » , un grand rassemblement national, gauche, centre et droite confondus pour mener à bien les réformes nécessaires.

Pour l’UPA qui se sentait depuis longtemps marginalisée face aux deux mastodontes patronaux, l’occasion est trop belle de sortir du bois et de se mettre au diapason des deux autres. Elle n’est pas la moins mordante.

François Turcas pour la CGPME, Laurent Fiard pour le Medef et Bruno Cabut pour l’UPA, les trois responsables patronaux régionaux, eux, s’ils s’emploient chacun avec succès à faire vibrer-et siffler-la salle, choisissent plutôt le parti de la pédagogie.

 La première cible : le compte pénibilité

Les cibles : tout d’abord le compte pénibilité, le plus honni, puis la loi Hamon sur l’information des salariés en cas de cession de l’entreprise et enfin le contrat minimum de 24 heures par semaine pour les CDD.

Tous trois réclament leur suppression immédiate. Malgré les sifflets, il est peu probable qu’ils soient entendus, ou sinon, à la marge.

 Pourtant le PS a tout tenté pour se rapprocher du monde économique : du CICE aux déclarations de Manuel Valls à l’Université d’été du Medef, « J’aime l’entreprise ».

Que s’est-il donc passé ? Tout simplement le fait, que, pour l’heure, tous ces efforts sont vains parce qu’ils ne portent pas leurs fruits.

Des patrons véritablement excédés

Après quatre années difficiles, certaines entreprises sont à genou et leurs dirigeants qui ne voient rien venir sont excédés. La moindre étincelle, à l’instar du compte pénibilité leur apparaît comme la provocation de trop.

 Comme cette loi d’une folle complexité n’est pas la seule du genre, la multiplication des contraintes administratives fait exploser la marmite et s’emballer les sifflets.

Que va-t-il désormais se passer, après ce sérieux avertissement lancé de Lyon, par le monde patronal uni ?

Soit, grâce à la baisse conjointe des prix du pétrole, de l’euro et du plan Juncker d’investissements de 315 milliards d’euros, l’économie européenne décolle enfin et les sifflets seront remisés. Les patrons redeviendront concentrés sur leur business.

Soit la conjoncture poursuit sa longue déprime à la Japonaise et alors, Lyon n’aura été qu’une entracte…

La seule certitude pour l’heure que l’on puisse avoir après cet épisode lyonnais aux sifflets rouges est que le monde patronal est vraiment, véritablement excédé. Le cri strident des sifflets va-t-il être pris en compte à Matignon et à l’Elysée ?

A noter que Gérard Collomb, maire de Lyon, présent lors de l’épisode carton jaune, ne l’était pas cette fois-ci…

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